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Hologramme de Abdelhalim Hafez à Mawazine : Maroc Cultures répond à la polémique

Alors que le Festival Mawazine s’apprête à faire revivre la légende Abdelhalim Hafez à travers un spectacle en hologramme, une vive controverse oppose les organisateurs à la famille du célèbre chanteur égyptien. Au cœur de la discorde : l’usage des droits d’image, de voix et de nom de l’artiste, que ses ayants droit jugent illégal.

Dans un communiqué publié récemment, l’association Maroc Cultures, organisatrice du festival, affirme avoir agi « dans un strict respect du droit ». Elle précise que toutes les démarches nécessaires à la production de ce spectacle en hologramme ont été conduites dans le cadre légal, et que les autorisations afférentes ont été obtenues auprès de l’agence officiellement habilitée à gérer ces droits. Les contrats auraient été signés bien avant toute communication publique concernant le concert.

Maroc Cultures insiste par ailleurs sur sa rigueur en matière d’éthique artistique. « L’innovation technologique, qu’il s’agisse de restituer sur scène une icône à travers l’holographie, ou de repousser les frontières de la scénographie, ne saurait s’affranchir du respect des ayants droit. » Pour les organisateurs, cette performance constitue un hommage à une page importante de l’histoire musicale arabe, pensé dans un esprit de considération et de légalité.

La famille de Abdelhalim Hafez ne partage pas cette position. Son neveu, Mohamed Shabana, a exprimé publiquement l’indignation des proches du défunt chanteur, dénonçant une utilisation non autorisée de l’image et de la personnalité de l’artiste. « L’hologramme, ce n’est pas simplement diffuser des chansons. C’est incarner Abdelhalim. Or, ces droits appartiennent exclusivement à la famille. »

Mohamed Shabana affirme que le contrat passé avec la société citée par le festival a expiré en 2021, et que la famille a depuis confié l’exclusivité des droits à une nouvelle entreprise spécialisée dans les technologies de pointe, assurant une meilleure fidélité et un plus grand respect de l’image de l’artiste. La famille reproche également aux anciens partenaires une qualité de reproduction jugée inacceptable, et redoute que le spectacle prévu à Rabat n’atteigne pas le niveau d’exigence requis pour représenter dignement le chanteur légendaire.

Face à cette situation, la famille Hafez demande officiellement l’annulation du spectacle tel qu’il est actuellement programmé. Elle interpelle les autorités marocaines et les responsables du festival pour empêcher la tenue d’un concert qu’elle estime illégal et irrespectueux de la mémoire du chanteur.

Dans un contexte où les hologrammes deviennent un outil de plus en plus utilisé pour faire revivre les grandes figures de la musique, cette polémique met en lumière les enjeux juridiques et éthiques liés à l’exploitation posthume des artistes. Elle rappelle surtout l’importance du dialogue entre les ayants droit et les organisateurs culturels, pour garantir que l’hommage ne devienne pas une appropriation.